Le monde de surabondance dans lequel nous vivons est un facteur de stress. Nous pensons qu’avoir toujours plus nous rendra plus heureux mais c’est en fait l’inverse qui se produit : plus nous avons de choses moins nous nous sentons heureux. Nous avons soigneusement conçu des facteurs stimulants qui n’ont jamais existé avant. Notre système neuronal primitif est constitué de sorte à obtenir du plaisir et à éviter la douleur. Cela a du sens pour l’évolution et la reproduction de l’espèce humaine mais c’est un mécanisme épouvantable dans un monde où l’on peut se procurer de l’héroïne, du sexe, des jeux vidéo et n’importe quoi avec son téléphone portable. Adopter des attitudes qui stimule facilement la synthèse de dopamine, nous donne, à plus ou moins long terme besoin de plaisir encore plus puissants pour ressentir quelque chose.
Qu’est-ce qu’une addiction ?
Si l’on définit de manière simplifiée l’addiction, à savoir, une substance ou un comportement qui nous fait du bien sur le court terme, qui nous détruit sur le plus ou moins long terme et qui semble avoir le contrôle sur nous, on comprend facilement que peu d’êtres humains échappent aux addictions. Pourtant ce phénomène addictif n’a pas les mêmes effets sur tout le monde. Chez certaines personnes ce phénomène est plus visible ou en tout cas davantage pointé du doigt comme une maladie. L’intensité de ce phénomène est à la hauteur de l’intensité de la souffrance sous-jacente à laquelle nous souhaitons échapper. Par ces attitudes addictives nous cherchons donc à combler un manque.
D’un point de vue médical, l’addiction est une automédication à la dépression, l’anxiété, au stress post-traumatique ou à l’hyperactivité.
Mécanismes de mise en place d’une addiction
En termes de besoins fondamentaux, les personnes addictes ne sont pas différentes des autres. Ce qui les distingue c’est d’avoir choisi une manière socialement inacceptable ou biologiquement indésirable de les satisfaire.
Au départ, la consommation de drogue commence comme un comportement volontaire, orienté vers un but. Les gens prennent de la drogue parce qu'ils recherchent une récompense spécifique. Cependant, chez certaines personnes, le comportement devient compulsif et n'est plus associé à la recherche d'une récompense. Ce changement est associé à une modification des circuits dans le cerveau.
Les systèmes de stress et de récompense (système dopaminergique) du cerveau sont intimement liés. La dopamine est libérée par anticipation, prédisant l’arrivée de la récompense. D’autres systèmes neurologiques sont modifiés, notamment ceux faisant intervenir la sérotonine et les récepteurs aux endorphines. Plus la dépendance s’installe plus la synthèse naturelle de ces substances par l’organisme diminue. Le plaisir n’est alors obtenu que par l’apport d’éléments extérieur.
Au fur et à mesure que l’accoutumance s’installe, le taux de dopamine libéré à chaque consommation diminue progressivement. Cette chute engendre une augmentation du niveau de stress et un état émotionnel désagréable. A ce stade l’addiction permet donc de sortir de cet état émotionnel et non plus à prendre du plaisir. Cet état est de plus en plus reconnu comme contribuant aux décès par désespoir liés aux opioïdes et à l'alcool.
Facteurs déclenchants
Selon Jacques Martel, la compulsion nerveuse se rapporte à un aspect de la personnalité que l’on juge négatif, qui nous déplait, qui nous fait souffrir au point que nous refusons de le voir. Nous le refoulons au plus profond de nous et choisissons, par la dépendance, de stopper les pensées, les peurs, les rêves. Tant que nous refusons de le voir et de l’accepter, la vie nous amène à vivre de plus en plus de situations où nous avons à faire face à cet aspect de notre personnalité.
Un sentiment de vide est présent dans la société et l’addiction viendrait masquer ce vide. Paradoxalement la personne addicte chercherait à atteindre malgré sa servitude à un produit ou à un comportement, une totale liberté, à échapper à cette sensation de vide. En effet, les personnes qui ont des addictions sont souvent extrêmement conscientes des paradoxes insolubles de la vie et ont de ce fait une perception beaucoup plus vive de la douleur existentielle.
L’origine de cette quête de libération de ses conflits intérieurs, de cette attente d’amour inconditionnel peut prendre sa source dans diverses expériences déjà vécues. Cela peut être lors de l’enfance, lorsqu’on passe ses journées à jouer et à vivre dans l’instant présent sans se soucier du lendemain, dans la mémoire subtile de la vie intra-utérine durant laquelle chacun de nos besoins étaient immédiatement satisfait ou encore dans des fragments de souvenirs d’un état pré-incarné. Qu’elle qu’en soit l’origine, cette attente d’amour inconditionnel reste généralement insatisfaite dans la durée pour la plupart des personnes. C’est donc très tôt que débute un processus cherchant à équilibrer notre désir d’autonomie et notre dépendance envers ceux ou envers les substances qui satisfont certains de nos besoins.
Selon Gabor Maté, lui aussi psychiatre, les addictions prennent leur racines dans l’enfance avec les traumatismes qui y ont été vécus et les émotions refoulées qu’ils ont engendrés ainsi que l’environnement dans lequel l’enfant a grandi (l’alimentation, la sécurité, les liens affectifs). Ce qui fait qu’un évènement devient traumatique est moins la gravité de l’événement en lui-même mais plutôt l’interprétation que l’enfant en fait. Ayant fait ce constat, le Dr Maté a développé des solutions autour de la pleine conscience qui consiste à prêter attention à ces sensations, émotions et pensées avec détachement. Être conscient, c’est être capable d’être réaliste sur ces forces qui motivent notre comportement et être capable de faire face aux émotions qui nous dérangent. En observant nos propres schémas de pensées on arrive petit à petit à ne plus y réagir automatiquement.
L’hygiène de vie dans l’accompagnement des addictions
Actuellement, les chercheurs s’intéressent de plus en plus aux modifications épigénétiques qui modulent le niveau d’expression des gènes et peuvent contribuer à l’apparition d’une addiction. Et ces recherches tendent à prouver qu’une hygiène de vie globale allant dans le sens de la santé empêchera l’expression de gènes prédisposant aux addictions.
Il ne suffit pas de nourrir correctement notre corps pour retrouver la santé, il faut aussi le nettoyer, d’où la nécessité des purges. Purger permet non seulement de vider les intestins des matières qui l’encombrent mais aussi de déloger les toxines accumulées, réduites et lyophilisées dans notre organisme pour les expulser. Cependant, il faut garder en tête que les purges sollicitent beaucoup l’énergie vitale. Il ne faut donc pas en abuser et les utiliser uniquement lorsque cette dernière est disponible. Dans le cas d’une addiction à une substance, la purge permettra d’éliminer de façon rapide les sous-produits du métabolisme de la substance de l’organisme, qui maintenaient le corps dépendant à cette substance.
D’un point de vue émotionnel des études ont montré que la méditation permet de réduire à la fois l’anxiété et la dépression. Dès que l’anxiété et la tristesse diminuent, les gens se tournent moins vers les drogues, l’alcool ou les médicaments régulateurs de l’humeur pour gérer leurs émotions. La méditation diminue les perturbations émotionnelles en calmant le dialogue intérieur à l’origine de ces perturbations. Elle permet également d’accepter ce qui existe dans le présent et de se désidentifier de ses pensées à l’origine d’émotions parfois désagréables.
On peut associer les huiles essentielles à la méditation, non seulement pour leurs effets physiologiques directs mais aussi pour susciter une réaction conditionnée précise. Par exemple, on peut diffuser de l’huile essentielle de santal dans le lieu dédié à la méditation pour établir une association consciente entre cette odeur et le calme de l’esprit. Ensuite on peut réutiliser cette même huile essentielle lorsque la compulsion refait surface.
Le pouvoir de l’intention
Quand ce que l’on souhaite semble nous être refusé, il s’ajoute à la sensation de manque une baisse d’estime de soi. Les réactions chimiques internes répondant à ce sentiment de perte de contrôle nous pousse à désirer encore plus l’objet qui pourrait nous procurer un soulagement. Le fait de renoncer à quelque chose plus que de penser qu’il nous a été refusé, déclenche des réactions neurochimiques positives. Notre intention est alors transformée en lâcher prise et nous pouvons le voir comme un acte de pouvoir.
Un moyen simple de sortir de ces cycles de souffrance est de consciemment renoncer à une habitude néfaste en la remplaçant par une attitude bénéfique. Par exemple si l’habitude compulsive est de fumer après le déjeuner, remplacer ce moment par une balade permettra avec le temps de se libérer de l’envie de fumer.
Mon point de vue
Si l’approche de soigner l’addiction en reprogrammant le circuit de la récompense est une approche qui peut rapidement montrer ses limites puisqu’en tant qu’être incarné, supprimer toutes formes de plaisir reviendrait à supprimer l’essence même de ce qui nous rend heureux, apporter de la conscience sur ce phénomène addictif me semble être l’une des façons les plus efficaces de s’en défaire. Cette conscience se développe en observant ses pensées, ses émotions, son propre corps et en comprenant qu’ils ne nous définissent pas mais qu’ils sont simplement l’expression de la vie. De la même manière qu’il est possible de s’attacher à une émotion ou de croire en une pensée agréable, l’inverse est tout aussi désagréable et source de comportements nuisibles à notre bien-être.
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